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Remarques:
1) Ce protocole remplace les versions précédentes (PCR locus D1S80 et PCR locus PV92). Ces expériences peuvent toutefois être encore empruntées sur demande.
2) Ce nouveau protocole a été mis en place car il permet de faire le lien entre un génotype donné et le phénotype associé. L'expérience se déroule en deux étapes/séances: la première séance est consacrée à l'extraction d'ADN, à la PCR et au test de détection du goût amer (test PTC) et la deuxième séance à la digestion, à la migration sur gel d'agarose et à l'analyse des résultats. Les échantillons peuvent être conservés à -20°C entre les deux séances.
Un atelier de bioinformatique intitulé "La génétique du goût amer" en lien avec cette expérience a été mis en place par Marie-Claude Blatter du SIB Institut Suisse de Bioinformatique et peut être visualisé ici. Cet atelier constitue un joli complément à l'expérience de PCR.
Information importante au sujet de la sécurité des bandelettes PTC:
L'utilisation de ces bandelettes relève de la responsabilité de l'enseignant, merci de prendre connaissance de la feuille d'information du fournisseur ci-dessous.
Information au sujet de la toxicité des bandelettes PTC (traduction en français)
Information regarding Carolina Biological PTC Papers (document original en anglais)
La PCR:
La technique de polymérisation en chaîne (en anglais « polymerase chain reaction ») ou PCR, permet d’amplifier des millions de fois un unique fragment d’ADN. Cette méthode est devenue un outil précieux non seulement pour la recherche en biologie moléculaire mais également pour le diagnostic médical, la détermination de microorganismes ou encore la criminologie. L’invention de la PCR revient à Kary Mullis dans les années 80. Il obtint pour cette découverte le Prix Nobel de Chimie en 1993. La découverte d’ADN polymérases thermorésistantes (la Taq polymérase par exemple) isolées de bactéries (Thermus aquaticus) vivant dans des sources d’eau chaude a facilité l’utilisation de la PCR et a permis son automatisation.
Thèmes : la PCR, la structure du génome humain, le génotypage, la criminologie, l’ADN, l’électrophorèse.
Une réaction de PCR nécessite :
Ces 5 ingrédients sont mélangés dans un tube à essai et soumis à différents cycles de températures.
1ère étape : la dénaturation (94°C). 2ème étape : l’hybridation (40-65°C). 3ème étape : l’élongation (72°C). |
Ces trois étapes correspondent à 1 cycle de PCR, à la suite duquel on a doublé le nombre de fragment d’ADN cible initial. Environ une trentaine de cycles sont en principe effectués dans une expérience de PCR classique. Ainsi, après 30 cycles on aura amplifié 2n fois notre ADN cible.
Un schéma de l'amplification par PCR est visible ici:
Protocole PCR sensibilité au PTC
L’homme est capable de distinguer 5 saveurs fondamentales, le sucré, le salé, l’acide, l’amer et l’umami (glutamate) grâce à des récepteurs situés au niveau de bourgeons gustatifs.
Dans les années 30, un chimiste du nom d’Arthur Fox est le premier à mettre en évidence la différence de sensibilité au PTC (phénylthiocarbamide), un composé organique amer produit par diverses plantes comme le brocoli. Alors qu’il venait de synthétiser ce composé, l’un de ses collègues s’est plaint de l’amertume du produit alors que lui ne sentait rien.
Quelques années plus tard, une étude menée par Albert Blakeslee a montré que l’incapacité à sentir le PTC est un trait génétique récessif qui varie au sein de la population. Les individus sensibles peuvent détecter le PTC (allèle T+) et les individus non sensibles ne peuvent pas le détecter (allèle t-).
Il existe une trentaine de récepteurs sensibles aux différentes substances amères. Identifié en 2003, le gène TAS2R38, localisé sur le chromosome 7, code pour le récepteur au PTC. Le séquençage de ce gène a permis de mettre en évidence la présence d’une variation génique entre les individus sensibles et non sensibles. Cette variation se caractérise par une différence de 3 nucléotides, ou SNPs, dans le gène TAS2R38 (en rouge sur la séquence du gène ci-dessous).
SNP
Un SNP (Single Nucleotide Polymorphisme) est une variation dans une séquence d’ADN qui arrive lorsqu’un seul nucléotide diffère entre les membres d’une même espèce. Ces variations sont très fréquentes dans le génome humain, environ 1/1000. Elles représentent d’ailleurs 90% de l’ensemble des variations génétiques humaines.
Gène TAS2R38 ( individu non sensible au PTC, allèle t- ) :
Pour accéder à cette séquence en format texte, cliquez ici
Primer sens 5’ CCT TCG TTT TCT TGG TGA ATT TTT GGG ATG TAG TGA AGA GGC GG 3’
Primer anti-sens 5’ AGG TTG GCT TGG TTT GCA ATC ATC 3’
Note: Le primer sens a été conçu de manière à obtenir le site de restriction de l'enzyme HaeIII, càd 5' GGCC 3' dans le cas d'un individu sensible au PTC.
L'EXPERIENCE:
Protocole :
1) Extraction d'ADN à partir de cellules épithéliales de la bouche
2) Amplification par PCR
1 réaction | 24 réactions | |
2xTaq ReadyMix | 12.50 µl | 300 µl |
Primers mix PTC | 5.00 µl | 120 µl |
DMSO | 1.25 µl | 30 µl |
H2O | 1.25 µl | 30 µl |
94° 5 minutes | ||
94° 30 secondes | } | |
64° 45 secondes | 30 cycles | |
72° 45 secondes | ||
72° 5 minutes |
3) Digestion du produit PCR
1 x
|
22 x
|
||
Tampon digestion 10x |
2.5µl
|
55µl
|
|
Enzyme HaeIII |
1 µl
|
22 µl
|
|
H2O | 1.5 µl | 33µl |
4) Préparation du gel d’agarose
Le TBE 10x concentré doit être manipulé uniquement par les enseignants ou les préparateurs, en prenant soit de porter une blouse, des lunettes et des gants en nitrile. Le TBE 1x concentré peut sans problème être manipulé par les élèves, à conditions qu’ils respectent les mêmes conditions de sécurité.
Le TBE est toxique pour l’environnement, il ne faut donc pas le jeter à l’évier. Celui-ci doit être récupéré et éliminé par le biais de votre propre filière de traitement des produits chimiques.
Le gel d'agarose est une matrice pour séparer les molécules d'ADN selon leur taille dans un champ électrique. Les petits fragments migrent plus vite que les grands, la concentration d'agarose est choisie en fonction de la taille des fragments à séparer. Ici nous allons utiliser un gel à 2% d’agarose.
Les cuves d'électrophorèse possèdent des petits blocs en plexi pour protéger les électrodes. Souvent les cuves sont déformées et les blocs ne rentrent plus. Il suffit donc de couper, après solidification du gel, une petite lamelle d’agarose en haut et en bas du gel pour libérer les électrodes.
5) Analyse des génotypes sur gel
1er puits: 5 µl de marqueur.
2ème puits et suivants: 20 µl de vos échantillons.
Avant dernier puits: le contrôle négatif.
Dernier puits: le contrôle positif.
6) Résultats et discussions
Voici un exemple de résultat :
Homozygote non sensible (-/-), c'est à dire qui ne peut pas détecter le goût amer du PTC: 1 fragment de 220 bp
Homozygote sensible (+/+), c'est à dire qui peut détecter le goût amer du PTC: 2 fragments de 176 et 44 bp
Hétérozygote (sensible, +/-), qui peut également détecter le goût amer du PTC: 3 fragments de 220, 176 et 44 bp
Remarque: la bande à 44 bp n’est pas visible ici.
Analyse du génotype
Observez votre génotype et ceux des autres personnes.
Un autre exemple d'analyse des résultats (expérience sur le locus PV92) avec calcul de l'équilibre Hardy-Weinberg est accessible ici
Analyse du phénotype
La sensibilité au PTC est un trait génétique dominant. Ainsi les personnes homozygote (+/+) et hétérozygote (+/-) devraient détecter l’amertume du produit. Pour le vérifier, vous allez recevoir deux papiers, l’un imprégné de PTC et l’autre pas.
Commencez par déposer sur votre langue le papier contrôle, non imprégné et testez ensuite le papier imprégné de PTC.
Que constatez-vous ?
Vérifiez s'il y a concordance entre le génotype et le phénotype.
Matériel fourni:
Matériel non fourni:
L’Université de Genève décline toutes responsabilités en cas de dommages survenus durant les expériences.